Chronique culturelle : Koh-Lanta, cinéma des années d'avant l'invasion, Juliette Gréco

 Si vous aimez "Survivors", le programme de télé-réalité américain qui existe depuis vingt ans au moins (?), vous aimerez "Koh-Lanta qui est sa version française de France.

L'émission est présentée le vendredi à 21 heures sur TF1. En cherchant bien sur Internet, on trouve des liens vers la reprise le jour suivant, des reprises qui ont l'avantage de ne pas avoir de publicités.

Depuis quelques saisons, l'émission est tournée aux Îles Fidji, un endroit qui semble paradisiaque, si votre concept du paradis est une île où il vous faut vous débrouiller pour survivre. Les habitants des Fidji parlent anglais et sont de descendance asiatique comme les Tahitiens. Le bon sauvage a l'air sympa.

Quelles sont les différences avec "Survivors"? Eh bien, c'est beaucoup plus sérieux. Les Français jouent sérieusement. On nous parle du sens de l'honneur, de l'effort, du mérite. Les Américains sont davantage dans le jeu et la stratégie, la fin justifiant les moyens. J'apprécie les deux.

Les sociologue amateur peut en tirer quelques observations. Cette saison-ci, il y a peu de personnes qui ressortent avec une forte personnalité, mais celles qui se détachent sont des femmes. Il y a pourtant quelques hommes d'âge mûr qui devraient dominer par leur maturité, mais ce sont les femmes qui dominent. Dans la saison précédente, une des participantes était une vraie "femmecho", une macho femme, une femme volontaire jusqu'à l'hystérie : cris, "On lâche pas, il n'y a pas d'excuses qui vaillent". Pour cette saison, c'est la jeune Alyx (ou Alis? Alix?), la pompier volontaire, la sportive. Elle dit ne pas faire confiance à personne. Bien sûr, elle est tatouée, le tatouage obligatoire, certifiée femme des années 2000. Je ne comprends rien à cette mode idiote! 

Cinéma

Je pense que dorénavant il faudra considérer tous les films tournés avant, je dirais, le milieu des années 80, comme des documents anthropologiques. Je pense aux films français (je suis très francophile de France, comme vous voyez), mais on peut en dire autant des films québécois, ou américains, ou suédois.

Et pourquoi donc? Eh bien, parce que ce sont des films où la culture du pays n'a pas subi le traitement obligatoire d'inclusion des minorités, l'hommage perpétuel à la diversité. Vous n'avez plus le droit d'être Français, d'être Suédois, d'être Québécois, d'être un Occidental Blanc sans le justifier par la présence d'un étranger d'un autre continent, d'une autre culture (Noir, Asiatique, Autochtone). La diversité est une autre nom pour l'interdiction de célébrer vos origines, mais seulement si vous êtes caucasiens parce qu'en Afrique, on ne parle pas de diversité (j'imagine).

Bref, j'apprécie de plus en plus les vieux films qui ne sont pas assujettis à la rectitude politique. Il me semble que les individus y étaient plus normaux: des hommes hommes et des femmes femmes. C'était encore le cas jusqu'au milieu des années 80, comme je l'écrivais. Que s'est-il passé? L'arrivée des socialiste en 1981 qui, lui-même, avait été préparé par Mai 68? Le mélange de la déconstruction et de l'invasion migratoire ont tout changé.

Justement, j'ai vu le film intitulé "Une Étrange Affaire" de Pierre Granier-Deferre, avec Gérard Lanvin, Michel Picoli, Nathalie Baye, Jean-Pierre Kalfon, sorti en 1981. C'est l'histoire d'un publiciste (Gérard Lanvin) et de ses relations avec son nouveau patron (Michel Picoli) engagé pour redresse les finances d'un grand magasin. Une relation trouble s'installe qui va briser son couple. Le jeune publiciste qui n'a pas vraiment connu son père, recherche-t-il une figure paternelle?

Je reviens à Koh-Lanta, Gérard Lanvin a été une sorte de Alain Delon, mais avec moins de personnalité. Il est moins affirmé du point de vue de la masculinité. On est déjà dans la mutation, la transition vers une société plus matriarcale. L'État a remplacé le père, mais il est plutôt une sorte de mère qui pourvoie à tous vos besoins pour justifier d'être au pouvoir.

Michel Picoli est lui de l'autre génération. Drôle de type, je parle de de l'individu, non du personnage du film. On ne sait pas vraiment qui il est, ce qui est aussi bien parce que les acteurs qui parlent trop empiètent sur leur art. Il était le compagnon pendant un temps de Juliette Gréco qui vient de trépasser. Ils allaient bien ensemble dans le côté acariâtre de leur personnalité.

Incinérez-moi / Incinérez-moi / Mais pas trop vite (blague de mauvais goût, si vous connaissez la chanson "Déshabillez-moi").


Gérard Lanvin, mi Alain Delon de son époque

                                     



Lola, la préférée de mon oncle à Koh-Lanta


                                           
Alix, la "femmecho" tatouée



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