L' île Inconnue
J'ai froid. Je suis sur la terre ferme. Il y a du sable sur mes lèvres mouillées. J'ai mal partout. Je me redresse. J'entends la mer. Les vagues. Il fait encore nuit, mais la Lune éclaire des bouts de réalité. Je parviens difficilement à lever ma tête. Mon corps me fait mal. Il y a une rocher, des arbres. Le vent siffle... J'ai froid... Je me redresse. Je retombe... Dormir...
J'ai chaud. Le soleil tape. Où suis-je? Sur une plage. En allongeant ma main, je touche du bois. Ça porte chance. J'ai démâté. Pas de chance. Mais les vagues m'ont sauvé. Où suis-je? une île? un continent? Le ciel? L'enfer? Nous sommes toujours au ciel quand on respire. J'ai soif. J'ai envie de dormir...
La pluie vient à point pour qu'on la boit et je broie une noix de coco en la lançant sur un rocher qui passait par là. Noix de coco, deviens verre. Si je pouvais inventer une plage, elle serait comme celle-ci, mais j'ai faim. Qu'est-ce qu'on bouffe ici? Le service est lent.
Je me lance et j'explore cet endroit. La forêt est dense. Est-ce une île? Des oiseaux colorés vont et viennent. Des goélands. Je marche et j'avance comme je peux. Peut-être y a-t-il des cougars? Des tigres? Si je meurs, appelez ma femme. Dites-lui que je l'aime.
C'est une vallée et, au loin, une montagne. Cet endroit est immense. D'après les étoiles, le Nord est au Sud, et l'Est à l'Ouest. Il y a des peuples qui y vivent? Hospitaliers ou inhospitaliers? Humains ou néandertaliens? Primitifs ou civilisés?
J'allais bientôt le savoir en m'enfonçant dans la vallée. Surpris par l'accueil d'une tribu primitive de blondes, entièrement nues, d'allure scandinave. La nature a décidément beaucoup d'imagination ! Mais où étaient les hommes? À la chasse, sans doute.
Ce fut des sourires, des rires. J'étais à la fête et bien entouré par cette horde de beautés de tous âges et de tous gabarits.
Avec un mélange de français, d'espagnol et d'anglais, je leur fis comprendre que j'avais faim. Elles étaient si gentilles et attentionnées me présentant une multitude de plats : viande, fruits et légumes. Puis, j'allai me reposer.
Le soir, autour du feu, les belles dansaient pour moi. Les enfants me souriaient et s'amusaient de mes cheveux bruns et de ma barbe. Plus tard, on me fit boire une mixture répugnante mais qui avait bon goût. Ensuite, j'ignore ce qui s'est passé exactement. Je perdis le sens du temps. J'étais comme dans un rêve éveillé. Les femmes de la tribu se pressaient près de moi et je participai malgré moi à une sorte d'initiation orgiaque où j'étais l'heureux sacrifié, prêtant mon corps à toutes les fantaisies de ces femmes en chaleur. Un fumeur d'opium a autrefois décrit comment la drogue le faisait bander pendant des heures et multipliait sa puissance sexuelle.
Le lendemain, c'était comme oublié et la tribu reprenait ces activités habituelles de cueillettes de fruits et de plantes. On m'indiqua quelle plante servait au cérémonial sexuel. J'en ramassai quelques feuilles pour une étude subséquente.
Dans l'après-midi, la chef, me semble-t-il, m'indiqua que je devais partir, du moins c'est ce que je compris. Avec tristesse, toutes mes belles amantes me laissèrent partir et je repris le chemin par où j'étais venu, soit la plage de mon naufrage parce que je ne voulais pas traverser cette vallée, gravir les montagnes, risquer de rencontrer les hommes que j'avais cocufiés et, surtout, prolonger ce récit inutile.
Mon intuition fut la bonne, car un autre marin du Globe International Challenge avait dérouté ayant reçu mon signal de détresse. Je luis fis promettre de ne pas révéler les coordonnées de cette île paradisiaque où j'allais peut-être avoir quelques descendants.
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