Monsieur dit tout (fiction)

 Hughette, la nouvelle, demande à Monique quel est le problème avec Roland, l'informaticien.

Monique éclate de rire parce qu'elle devine l'énormité que Roland a pu lui dire.

Hughette raconte qu'elle a demandé à Roland un banal "Ca va?" de routine quotidienne, politesse de base. Roland lui a répondu qu'il allait bien et qu'il s'était même levé avec une incroyable trique. Fin de la conversation.

Monique lui explique le cas Roland qui est "affecté", on ne sait pas si on doit parler de maladie ou de comportements limites... : il a cette bizarrerie de toujours dire ce qui lui passe par la tête, sans filtre et sans retenue. 

Monique demande à Hughette de ne pas mal méjuger son collègue, que cela peut même être très instructif d'avoir l'heure juste d'une personne si particulière.

- "C'est comme d'avoir accès à un psy parfois", précise Monique.

Le lendemain, Hughette est intriguée et, à la pause, elle s'approche de Roland qui sirote un café.

- Bonjour, dit-elle.

- Bonjour, ¸ça va. J'aime bien ce que vous portez aujourd'hui.

- Oh ! merci, Roland.

- Oui, la jupe étrange que vous portiez hier ne vous allait pas du tout. La couleur jurait avec votre âme.

- ... Ah ! Bon, j'éviterai de vous rencontrer quand je la mettrai.

- Non, non, je disais ça comme ça... Je ne sais pas pourquoi en fait. Mais cette robe vous va très bien. Elle met en valeur vos formes. Vous devez avoir de magnifiques seins.

- ... Eh, ah !... Merci, Roland, répond Hughette choquée et amusée à la fois, vous savez tourner un compliment...

- Vos fesses aussi. Je vous regardais hier et je me disais qu'elles doivent être parfaitement rondes et bien saillantes...

- ...Merci, Roland... Ce sera tout pour aujourd'hui ! Bonne journée !

Mais, avec le temps, Hughette appris à connaître Roland. Un vendredi en fin de journée, Roland invita Hughette à prendre un verre.

Elle s'interrogeait en buvant sa bière sur son travail, si c'était fait pour elle.

- Pas du tout , lui répondit Roland. Je crois que vous feriez une bonne mère à la maison.

Un peu choquée parce qu'on la renvoyait à un rôle traditionnel, Hughette encaissa malgré tout l'affirmation. N'était-ce pas au fond ce qu'elle avait toujours souhaité : des gosses et un mari.

- Et que dirais-tu si nous allions baiser chez moi, pour voir si nous sommes compatibles.

Surprise, Hughette accepta la proposition.

Quelques mois plus tard, elle cessait de travailler et épousa Roland.

L'humain croit vouloir la vérité, mais souvent il ne cherche qu'un moyen pour être rassuré et confirmé dans de fausses certitudes : telle est la morale de notre histoire.