Le primat de la subjectivité constitue donc une forme essentielle de l’existentialisme

 U N I V E R S I T E DE T O L I A RA ********************* Faculté des Lettres, des Sciences Humaines et Sociales ********************* FORMATION DOCTORALE PLURIDISCIPLINAIRE Option : PHILOSOPHIE PROJET DE THESE DE DOCTORAT pour l’obtention du Diplôme d’Etudes Approfondies Présenté par: BEN Ali Saïd Hossani Sous la direction du: Docteur RAZAFINDRAKOTO Marc Joseph Maître de Conférences à l’Université de Toliara Année Universitaire: 2005-2006 LA CONCEPTION SARTRIENNE DE LA SUBJECTIVITE dans « L’EXISTENTIALISME EST UN HUMANISME ». 2 3 LA CONCEPTION SARTRIENNE DE LA SUBJECTIVITE dans « L’EXISTENTIALISME EST UN HUMANISME ». 4 INTRODUCTION Le concept de la « subjectivité » apparaît, chez Jean –Paul SARTRE, comme l’expression de sa manière de professer l’être de la réalité humaine. S’attachant à la valeur primordiale de la liberté, l’homme est, selon lui, cet être inséré dans l’espace phénoménologique. La philosophie de Sartre décrit ainsi un monde dont le temps et l’espace constituent les modalités propres. Il en résulte une spécificité de l’essence humaine qui s’exprime dans la réalité de la subjectivité , thème qui introduit l’unité de toute activité humaine dans son rapport avec le monde. C’est dans cette perspective qu’il faut comprendre son ouvrage, intitulé L’existentialisme est un humanisme qui porte son intérêt sur une existence authentiquement libre. Toute sa force intellectuelle se déploie à découvrir une vérité sur l’Etre et sur l’homme dans le monde. Dans cet ouvrage, Sartre cherche à convaincre l’humanité de la justesse de sa pensée sur la conception de l’homme à se déterminer lui-même. Cette idée semblerait constituer la problématique centrale de l’ouvrage précité, donnant accès à la réflexion sur son humanisme. Tout part d’une idée fondamentale, où l’existence est liberté. Cette liberté définie est mise au service de la libération de l’homme doit lui permettre d’émerger pleinement dans son être. Elle est donc essentielle au « projet » humain et nécessaire à sa réalisation individuelle et collective du sujet – existant. Dans cette perspective, le primat de la subjectivité constitue donc une forme essentielle de l’existentialisme. Elle réside dans son opposition à l’objectivité , à savoir la référence à des principes ou à des normes. C’est ainsi que, aux yeux de Jan Paul Sartre, l’existence est vécue ; elle est ouverture, voire une relation avec toutes choses. Ce réseau de relations rejette ainsi l’universel impersonnel considéré a priori comme une vérité universelle par une pensée rationaliste ou scientifique qui a trait à toute réalité du monde, y compris la personne humaine. C’est ici que Sartre introduit l’idée de l’existence de l’homme immergé dans l’espace. Voilà pourquoi, temps et subjectivité forment deux concepts directeurs de la philosophie sartrienne où l’auteur met l’accent sur le « choix » et la « responsabilité » de l’individu tel qu’il se donne à lire dans L’existentialisme est un 5 humanisme : « Je construis l’universel en me choisissant ; je le construis en comprenant le projet de tout autre homme, de quelque époque qu’il soit. Cet absolu du choix ne supprime pas la relativité de chaque époque ». 1 Néanmoins, la subjectivité dont il est question ici, n’est-il pas strictement individuelle, dans la mesure où l’homme découvre en même temps l’autre, comme une liberté posée en face de lui. Ce que Jean Paul Sartre appelle « l’intersubjectivité ». Et c’est justement dans cet univers de relations inter subjectives que l’homme doit décider de ce qu’il est et de ce que sont les autres. Dans ces conditions , Sartre souligne les limites de notre liberté. Desquelles, nous pouvons affirmer qu’il y a une universalité de l’homme. Celle-ci n’est pas du tout donnée, mais perpétuellement construite. A ce stade, l’individu découvre aussi les autres, et il les découvre comme la condition de son existence. C’est en ce sens qu’ il se rend compte qu’il ne peut exister sans les autres qui le reconnaissent comme tel. Ce qui donne l’originalité de l’existentialisme sartrien, c’est le caractère absolu de l’engagement libre, par lequel chaque individu se réalise en réalisant un type d’humanité. Une telle attitude traduit la responsabilité d’un choix où, en s’engageant, l’individu engage aussi l’humanité tout entière même si aucune valeur a priori ne détermine son choix. Il faut reconnaître que, dans la logique de la philosophie de Sartre, l’homme se trouve dans une « situation » organisée où il est lui-même engagé . En même temps, il engage par son choix l’humanité entière , et il ne peut pas ne pas choisir. Sans doute, l’homme sartrien choisit -il sans se référer à des valeurs préétablies. Cela explique l’idée qu’il ne renonce pas entièrement à sa responsabilité totale en face de ce choix. Voilà pourquoi le choix sartrien, tel qu’il se profile dans ses écrits, n’est plus du tout une gratuité puisqu’il est lié à une accablante responsabilité. Avec Jean –Paul Sartre, l’ontologie a pris une nouvelle allure. On peut la définir comme la description des structures d’être de la réalité humaine. Dans cette perspective, il procède d’une description phénoménologique des conduites humaines, partant de l’idée que l’on peut se faire de la liberté. Ainsi, l’existentialisme 1 Sartre, L’existentialisme est un humanisme, Gallimard, p 61 6 repose t-il sur quelques points essentiels où le refus du système se traduit par la négation de l’universel. Refusant tout système philosophique surtout métaphysique, l’existentialisme de Sartre tend à chercher la vérité au sein même de ce qui apparaît ; l’idée de concept et des êtres intelligibles qui sont stables sont incompatibles avec la réalité des phénomènes, laquelle est en perpétuel changement. Cette incompatibilité implique que les idées ou les concepts ne correspondent pas forcément au réel, autrement dit, sans lien avec le monde des choses. Par - là même , ce que l’existentialisme dénonce dans la philosophie classique, c’est sa prétention de pouvoir s’arroger du droit d’être une science par excellence : la science de l’être en tant qu’être, la science de l’être considéré dans sa stabilité et dans sa permanence qui comporte son intelligibilité. Suivant en cela, l’être se trouve placé bien au-delà du sensible, étant un être pur. Alors comment la raison peut- elle le saisir ? C’est tout simplement une pure spéculation : une théorie. C’est là justement où le point de vue des philosophes de système est remis en cause par Jean- Paul Sartre, pour qui le monde de système est un monde clos, un monde d’abstraction par concept. C’est là, semble-t-il, la raison du refus du système par l’existentialisme sartrien. Ce dernier, nous le verrons, prend en compte tout ce qui apparaît et qui privilégie la subjectivité. De cette subjectivité, se produisent les formes de la conscience, qui agissent elles-mêmes, sans intervention extérieure. Un autre aspect de l’universalité impersonnelle est la conceptualisation, à laquelle s’oppose la pensée existentialiste. Dans ces conditions, l’existentialisme sous - tend une attitude antiintellectualiste : il valorise l’expérience affective, c’est-à-dire la conscience spontanée, au détriment de la connaissance rationnelle. Prenons l’exemple de Kant pour qui la nature humaine, ou le concept d’homme, se trouve chez tous les hommes. Chaque homme est donc, dans ce cas, un exemple particulier d’un concept universel qu’ est l’homme. A ce sujet, il résulte que le « bourgeois »1 , le campagnard ainsi que l’ouvrier sont soumis à la même définition et possèdent les mêmes qualités. 1 cf : L’existentialisme est un humanisme 7 Pour se démarquer de cette conceptualisation, Sartre part du cogito cartésien : « je pense donc je suis » , ou le « je » n’est réductible à un « Nous », ni à autre chose. En effet, dans la conception sartrienne, on ne peut pas dire « Nous pensons donc nous sommes ». Cette affirmation de soi, c’est- à – dire cette subjectivité s’érige en cette révélation d’existence strictement personnelle. De ce fait, l’affirmation du sujet caractérise l’être comme auteur de sa propre existence. Autrement dit, l’homme est réalisateur au sens où, pour être, il s’affirme par la subjectivité. Chaque sujet est donc tenu d’affirmer son être et son existence par ses propres activités : « je suis » signifie alors , selon l’optique existentialiste, « j’existe mon être ». Suivant, en cela, l’être de la réalité humaine est semblable à son existence. Le présent travail a donc, pour objet de comprendre la valeur du concept de la « subjectivité » dans la philosophie de Sartre. Comment Sartre conçoit –t—il ce thème de la subjectivité, par rapport à ses prédécesseurs qui ont marqué l’histoire de l’existentialisme ? Telles sont les grandes questions qui guideront notre réflexion au cours de notre travail. Et nous étudierons ici le problème de la subjectivité sur le plan existentiel. Comme nous l’avons déjà mentionné, « La conception de la subjectivité dans L’’existentialisme est un humanisme » est le titre de notre mémoire. Ceci nous a amené à organiser notre analyse en deux grandes parties. La première partie porte est intitulé: « Evolution du concept de la subjectivité dans la pensée existentialiste ». Notre propos sera d’abord d’étudier les sources et les étapes de ce thème, à travers les différents courants philosophiques qui ont jalonné la pensée existentielle. Dans cette partie, nous essayerons d’établir une distinction entre chaque philosophie, son objet d’étude et son époque. Nous verrons ensuite, comment Sartre se démarque de ses prédécesseurs. Et nous finirons cette partie avec la considération apportée par l’auteur sur sa conception de l’homme subjectif. La deuxième partie sera consacrée aux « Manifestations de la subjectivité et l’analyse sartrienne ». Dans cette dernière partie, nous allons faire une mise en relief de toutes les notions qui entrent en rapport avec le concept de la subjectivité. 8 Nous examinerons la notion de la liberté et du choix, deux termes inséparables qui sont liés à une stricte responsabilité. Nous verrons également le type de l’humanisme sartrien, et la place de l’angoisse telle qu’elle s’interprète dans la pensée de Sartre. Cela débouchera sur une critique de la religion. Tels sont quelques - uns des propos que nous nous sommes proposés et auxquels nous allons essayer d’approfondir notre réflexion, tout en nous appuyant sur les textes de l’auteur.

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